Nous savons que l'arc simple existe depuis la préhistoire et cela sur différents continents. Pour l'arc composite, le manque de données archéologiques scripturales, ne permet pas de dater son apparition ni de définir son lieu de naissance. Pour Robert ROTH (Histoire de l'archerie, Arcs et arbalètes) sa première apparition se fit en Asie, mais il pose la question de savoir qui en était les premiers utilisateurs: les mongols ou les chinois. ROTH date les premiers arcs composites entre 2500 et 2000 avant J.C. Pour cela, il se base sur l'évolution de la tactique militaire de SARGON roi des AKKADIENS face aux SUMERIENS.

En examinant attentivement le bas relief de Ninive (archers Assyriens au combat) ou la frise des archers de Suze on remarque pour la première, la petite taille des branches, l'extrême flexion de celles-ci, alors que l'allonge du tireur semble normale. D'après ROTH , un arc aussi court (1,20 m environ pour une allonge de 90 cm, ce qui donne un rapport de 1,3 pour 1) ne peut être que composite. Un arc simple, même en bois très souple et à section plate, ne pourrait supporter une telle courbure. On n'aurait aucune force. L'examen de la frise des archers de SUZE nous fait remarquer tout de suite la forme réflexe des arcs portés. Celle-ci à double courbure préfigure déjà l'arc " Turcquois " ou sino-mongol à triple courbure. Cette forme ne peut être donnée à l'arc que si celui-ci est de facture composite.

L'arc sino-mongol est l'arc composite utilisé par les armées sarrasines lors des conquêtes débutées aux environs de 630. La première trace écrite date de 500 av J.C, mais ne parle pas de l'utilisation des archers. Il s'agit de " L'art de la guerre " de SUN TZU, général chinois. La description de ce type d'arc n'apparaît qu'en 1637 dans le traité de technologie, " T'ien kung k'ai wu " de SUNG YING H'SING. On sait grâce à ce texte qu'il était constitué de bambous et de cornes de bœuf collés à l'aide de colle fabriquée à partir de vessies et d'intestins de poissons bouillis dans de l'eau. Les extrémités des branches étaient en mûrier. Le tout était renforcé par un enroulement de tendons. Les encoches ou coches étaient garnies de cuir ou de bois tendre faisant office d'amortisseur des chocs et vibrations produits par la corde lors de la décoche.

L'appellation, triple courbure, est due à la forme de l'arc en lui-même.

C'est ce type d'arc qui fut donc employé par les sarrasins lors des affrontements qui les opposèrent aux Chrétiens croisés d'Occident dès 1096. La forte puissance développé par cet arc, estimée entre 60 et 160 livres, sa courte taille, imposait une force de traction très importante et difficilement supportable pour les doigts de l'archer. Celui-ci se trouva amené à modifier son type de prise de corde pour pouvoir armer son arc. Cette technique de tir aurait été mise au point par les archers mongols et porte de ce fait leur nom. Elle consiste à tendre la corde à l'aide du pouce. La prise est complétée par l'index venant fermer l'étau ainsi formé par les doigts. Comme lors d'une prise méditerranéenne, nous portons un gantelet ou une palette pour protéger la pulpe de nos doigts de la friction de la corde, les archers utilisaient des anneaux de forme cylindrique, quelquefois munis d'une surface plane, appelés " pouciers ". Les matériaux utilisés étaient divers, bronze, jade, corne, voire même argent ou or et ont donné naissance à de véritables œuvres d'art. Une des plus belles collections de pouciers ainsi constituées se trouve au musé TOPKAPI d'Istanbul.

La corde de l'arc était fabriquée à partir de chanvre, de lin ou de soie, mais aussi de boyaux de chat. La technique de fabrication contemporaine est identique de celle de l'époque, et reste la même quel que soit le matériau utilisé. Seul le nombre de brins formant la corde varie suivant la matière employée ou la puissance de l'arc. Plus celle-ci est importante, plus grand sera le nombre de brins. Aux deux extrémités de la corde on trouve une boucle qui est formée, par un repli tressé des brins, ainsi qu'une ligature permettant une meilleure solidité de l'ensemble. Les brins sont eux mêmes torsadés, ce qui permet d'ajuster parfaitement la longueur de la corde à celle de l'arc pour avoir un band ajusté. Le band représente la distance entre la face interne de l'arc et la corde et varie de 17 à 20 cm selon la longueur de l'arc. Plus il est faible, plus le trait sera puissant. La corde est ensuite enduite d'un mélange de résine et de cire d'abeille lui conférant un certain degré d'élasticité évitant une rupture lors de la décoche. C'est de la souplesse et de l'élasticité de la corde que dépendent la précision du tir et sa régularité.

 

 

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